Co-créateur d'un fanzine essentiellement new wave (mais ouvert sur la musique punk) quand j'étais lycéen, co-animateur d'une émission punk et new wave sur une radio locale à la même époque, critique CD sur un magazine musical national et manager concert de deux groupes (un punk rock et un new wave) sur Bordeaux au début des années 90.
Le premier album officiel du groupe Schlag vient donc de sortir. Pressé sur un support vinyle, orange marbré s’il-vous-plaît, ce premier enregistrement studio est un vrai choc. Par sa pochette coup de poing (américain), par l’originalité et la beauté (avouons-le) de l’objet en lui-même. Et bien sûr, et c’est quand même le principal, par son contenu. 15 titres denses, 13 originaux et 2 reprises, qui ont été enregistrés dans un esprit live. Oui, cet album est bien un enregistrement studio. Et oui aussi l’énergie qui s’en dégage est bien celle que l’on retrouve à chacun des concerts du groupe. “Un groupe est vivant quand il est sur scène”, dixit Papy. Alors même en studio, Schlag ne pouvait que rechercher cette énergie qui est le moteur du groupe et la retranscrire telle quelle. Peu d’espace entre chaque morceau dont on a l’impression qu’ils s’enchaînent aussi vite que sur scène, sans même avoir la place de s’en jeter une petite, histoire de respirer. Et de respiration, justement, il ne faut pas en attendre puisque la première intervient à la fin du morceau “Indépendance” qui se trouve lui-même en queue de disque.
Alors, lorsque l’on découvre un nouveau vinyle, et contrairement aux enregistrements dématérialisés, il y a un ordre, un chemin, présenté par les artistes dans le choix d’apparition des morceaux. Et sur “A.C.A.B.”, ce choix raconte une histoire. Raconte le contenu des textes de cet album et où Schlag nous mène. De “Guet-apens social” qui ouvre le bal à “Indépendance” qui le clôt (je ne prends pas ici en compte les deux reprises qui ferment chaque face du disque), il y a une évolution puisque d’un constat général sur la face A, on passe à l’action sur la face B. Des “patrons voyous” ou du “Respect”, on passe à une “Solide anarchie” “Dans la rue”. Tout cela n’est pas anodin tant les textes chantés par Popo sont d’une importance capitale en ces temps de multiplication de la pensée fasciste.
C’est donc peu de dire que les textes de Schlag sont engagés. Certains résonnent même comme des “hymnes” punks, comme pouvaient l’être certains titres des Bérus, pour les plus vieux d’entre vous qui ont connu cette époque ou des milliers de jeunes scandaient “la jeunesse emmerde le front national”. Et je me prends à rêver, pour certains morceaux, d’une destinée à la Bérus ou à la Marjinal pour être plus dans l’ère du temps. Marjinal est un groupe punk indonésien (que je vous invite à découvrir) dont l’un des titres, “Buruh tani”, a été repris par la foule lors des grandes manifestations anticapitalistes que l’Indonésie a connu il y a 2 ans.
Alors vous allez penser que je m’égare. Que tchi. Marjinal est un groupe anarchiste et est en cela proche de Schlag. On ne chante pas “solidarité, solide anarchie” par hasard. Alors oui, dans mon imagination de petit agité, je me prends à rêver d’un Black Bloc s’élançant vers un cordon de keufs en chantant gaiement “notre indépendance se gagnera par la violence et notre liberté, va falloir aller la chercher”. Avouez. Ca aurait de la gueule, non ? Car ne vous y trompez pas. La galette orange marbrée qui tourne sur votre platine n’est pas une galette sucrée mais protéinée. Très protéinée. Loin de l’abattement que certains ressentent face à la merde sociale dans laquelle on vit, chaque chanson, chaque mot de ce vinyle booste et pousse à l’affrontement frontal avec ceux que l’on préfèrerait voir éparpillés façon confetti que debout dans nos quartiers.
Et c’est là la grande réussite de “A.C.A.B.” : lier le côté brut des textes à l’énergie d’un live. Cette énergie moteur pour le groupe l’est aussi, en feedback, pour le public que nous sommes. Que ce soit dans la fosse ou dans notre salon. Retrouver intact l’énergie irrépressible d’un pogo bien calé dans son canapé est un bonheur sans nom. Un bonheur coup de poing. Même si faut faire gaffe à son mobilier car on ne peut rester très longtemps assis à l’écoute de la musique de Schlag. C’est rapide. C’est rythmé. C’est bruyant. C’est violent. C’est de la bonne cam, quoi.
Et ce n’est qu’un début. Car si cette production n’est tirée en l’état qu’à 500 exemplaires, un deuxième album est déjà en préparation pour une sortie prévue en février 2023. Deux albums en un an, c’est le pari de Schlag qui est resté plus de 15 ans sans rien presser. Et pour ceux qui n’ont ni platine, ni le bonheur d’être dans les 500 plus rapides, Schlag, en plus des concerts à venir, a tout prévu avec une mise à disposition gratuite de cet album en streaming. Les liens étant facilement trouvables sur leur page facebook (je vais pas non plus tout vous faire, hein) (et puis ça vous permettra de vous abonner à leur page si ce n’est déjà fait) (non, mais).
Allez, je vous laisse vous préparer au prochain concert. Ou à la prochaine manif.
Un écrit peut être beau. Fort. Profond. Bref, un écrit est couché sur un papier comme un enfant dort tranquillement dans le ventre de sa mère. Une personne le lit et il s’agite. Dans la tête, le coeur ou la peau du lecteur. Qui frémit.
Puis l’écrit se rendort. Une fois le livre fermé.
Tel l’enfant dont on n’a plus qu’une résonance une fois l’échographie passée.
Un écrit peut être lu par de multiples yeux. Par des milliers. Parfois des millions. On en parle. On se le discute. On s’échange ce frémissement. On le dissèque même, pour quelques uns d’entre eux. Les plus chanceux ?
Et puis il y a “Peau Aime”. Patrick Deletrez. Et Corinne Rousseau. Tout ça dans le désordre. Dans le chamboulement que ce spectacle de “jardin” provoque en soi. En nous. Corinne a saisi des textes de Patrick et leur donne vie. Patrick, l’auteur. Le père. Corinne, la mère. Qui porte ces écrits. Avec ses yeux d’abord. Avec son sourire. Ensuite. Elle les porte comme elle porte son accordéon. Comme elle porte son être. Elle les porte avec son être. Et les accouche après les avoir dorlotés. Choyés. Emotionnés. Et nous les dépose en pleine face.
“Je dis…le Silence.”
Tout commence là. Dans le bruit du rien. Plus fécond que le tumulte du tout. Dans ce vide, pourtant, c’est le contraire du nihilisme qui se meut. Qui s’émeut. C’est la Vie. C’est la plongée dans la profondeur de l’âme humaine. C’est la “violence du calme”, pour détourner le très beau titre du livre de Viviane Forrester. Le calme de l’être enfoui en chacun-e de nous. Le calme des textes de Patrick Deletrez lorsque son site web n’est pas activé.
“Je dis le Silence.”
Et Corinne Rousseau s’élance. Agrippe les mots du père pour les faire siens. Les chante. Les parle. Les joue. Les transporte et les transcende. A coups de notes. A coups de regard. A coups de mise en scène. A coups de cris même. Ces mots deviennent ses mots. Ils étaient et sont. Et son. Son intrusion dans notre silence. Nous attrape. Par l’ouïe. La vue. Par le cerveau. Puis par le “touché”. Par le coeur. La force des mots de Patrick devient la puissance de Corinne. Devient notre chambardement. Devient émotion. Emoi. Frissons.
Corinne Rousseau est la mère.
Elle donne Vie.
Son spectacle n’est pas seulement un “spectacle vivant”. Son spectacle EST vivant. Et à l’image du bébé qui pousse ses premiers cris, l’humanité entière peut s’identifier à “Peau aime” : c’est à nous, à vous, à toi, à moi, que Corinne Rousseau donne en fait naissance.
Alors que j’ai découvert Corinne et son spectacle dans une guinguette, en bords de Garonne, les images qui illustrent cet article ont été prises à Lamothe-Landerron, au local Sans Crier Gare, fourni à Corinne par l’association culturelle, sociale et éducative La Petite Populaire dans le cadre d’une résidence permettant à l’artiste de confronter son spectacle à une scène fermée et d’y travailler le son et la lumière. Ce travail a été effectué en collaboration avec Vincent Castaño. Avec également, à l’accompagnement à la mise en scène sur tout l’ensemble de “Peau Aime” Lalao Pham Van Xua.
A la rencontre de Corinne Rousseau.
“L’instinct de mort”, écrivait Jacques Mesrine en 1977, faisant de ce cri du coeur et du corps le titre de son autobiographie. Mesrine avait une certitude vissée au creux de ses tripes : celle de mourir violemment et prochainement.
L’instinct de Vie est un autre cri du corps et du coeur. Celui de Corinne Rousseau. Celui, non pas d’un livre, mais d’une trajectoire. Celle d’une fan des Rageous Gratoons ou de LaReplik qui très tôt a plongé dans le spectacle vivant. Celui du cirque et celui du théâtre et de la rue.
En 2003, elle intègre le spectacle “Le manège à mémoire” de Cabadzi, qui est alors une compagnie de nouveau cirque. Dans ce théâtre d’ombres et de musique, elle incarne un clown et participe à la tournée.
“J’avais envie de faire un spectacle depuis longtemps, mais je ne me le permettais pas.”
Bien que son prof de théâtre de l’époque, Jean-Louis Gonfalone (également auteur et metteur en scène) lui confirme qu’elle a tout pour être comédienne, elle ne se fait pas confiance et part vivre de métiers divers, se confrontant à l’usine, au maraîchage. Puis, plus tard, aide-soignante et enfin masseuse Tui Na.
Parallèlement, pourtant, elle conserve coûte que coûte un pied dans tout ce qui touche à l’art vivant, la musique principalement. Entre différentes animations, en EHPAD notamment où elle monte une chorale, elle se fait bookeuse pour plusieurs groupes. Spectatrice assidue de tout ce qui est représentation artistique, elle finit par tomber, lors du festival Comment Dire à Targon, sur les textes de Patrick Deletrez, plasticien basé à Uzeste. Les Nuls, par la voix de Valérie Lemercier, aurait dit “banco !”. Corinne s’est “contentée” d’un “Hey ! j’en monterai un spectacle ! “ en se plantant devant l’auteur des textes de façon très spontanée.
“Ce sont les textes de Patrick Deletrez qui m’ont fait franchir le cap pour monter un spectacle. C’est par celui-là qu’il fallait que je commence.”
“Parce que, parallèlement à ma vie professionnelle, je reprenais mon accordéon, je rejouais, je composais des trucs, en mode privé. Et puis j’ai rencontré Simon(Bernard, comédien au sein de la Compagnie Sons de Toile, et musicien dans les groupes Araucane, Glönk et Cri Primate), mon compagnon, et Lalao(Pham Van Xua, danseuse et comédienne, membre également de la compagnie Sons de Toile). J’étais entourée de personnes dans l’artistique et le théâtre, et tout ça fait que j’ai créé “Peau aime”.”
Corinne se lance alors avec au départ un musicien, Pierre Thibaud. Ce duo batterie/accordéon constitue la première mouture du spectacle. Les textes sont lus plutôt que chantés mais Pierre la pousse à composer et à chanter. Puis le duo laisse place à un Seule en Scène.
“Pierre est un super musicien, un très bon musicien, mais on n’avait pas le même intérêt aux textes et je sentais qu’il fallait que je m’affranchisse et que je le fasse pour moi et selon moi. C’était nécessaire pour me sentir légitime.”
Cette décision conduit alors Corinne à repenser son spectacle tout en s’entourant des compétences nécessaires.
“On le jouait, avec Pierre, comme un concert, les morceaux les uns après les autres. Et puis, quand j’ai commencé toute seule, j’ai vite demandé de l’aide à Lalao qui a accepté. Je me suis rendue compte que quand je travaillais le spectacle en amont, avec Pierre, c’est-à-dire quand je faisais mes répètes avant qu’on se retrouve tous les deux, j’avais déjà créé des mises en scène que j’ai refaites devant Lalao. Elle a prit ce que j’avais et on a travaillé dessus. Ce travail de mise en scène, de regard extérieur, de distance avec le spectacle est super important, ça me permet de rester sur l’essence de ce spectacle, les textes. Ce qui est dit dans ces textes et la manière dont je les dis. C’est pas un concert.”
Après un gros travail de répétition à la Maison de Bieujac, café social et culturel géré par l’asso Encore Des Tiroirs Cachés, “Peau Aime” peut alors prendre son envol. Fusion totale de textes introspectifs, de mélodies à l’accordéon et concertina, de chant, de travail de comédienne, cette dramaturgie apparaît aux yeux du public une dizaine de fois depuis un an, passant d’un jardin à une guinguette avec des crochets sur la scène de différentes salles. Longtemps retenues, les envies de Corinne prennent enfin le dessus.
“Je commence à m’amuser pleinement !”
L’instinct de Vie. Ce cri du coeur et du corps. Qui met Corinne Rousseau à sa place, malgré les errements et les aléas. Ce cri. Primal. Pulsion de Vie.
C’est quoi ton truc avec l’accordéon ?
Le moment “C’est quoi un punk ?”
“Pour moi, être punk, c’est aller au bout de ses convictions. Donc on peut être punk de différentes manières. C’est au-delà de l’aspect musical, bien qu’il y ait ce truc là au départ. Mais pour moi c’est cet aspect…quelqu’un, même si on le regarde mal, il va au bout de ses convictions et s’en fout du jugement.”
ACTE de Barbarie – Acte de barbarie (en répétition)
J’ai failli me gratter la tête pour trouver un titre à cet article. Et puis un vieil adage s’est imposé à moi : la fainéantise est une forme d’intelligence. Le titre se traînait sous mes yeux depuis ma première rencontre avec eux. Car le titre de mon article, ce sont les 3 comparses dont je vais parler qui le tenaient. Et pour cause ! Mon titre, c’est le nom de leur groupe.
I almost got annoyed finding a title for this article. But, as they say, being lazy is being smart. This title I was looking for in my head was stretching its letters right in front of my nose since I had met the 3 guys I’m about to talk about. So simple ! My title is the name of their band. ACTE de Barbarie which stands for “Barbarian ACT” if you have to know.
Oui. J’ai rencontré les 3 énergumènes. Et oui, je suis toujours vivant. Et entier. La précision est d’importance.
La première fois, c’était au Zik Zac à La Teste-de-Buch dans le cadre d’une de ces soirées bruyantes dont l’asso RatRöckers a le secret. Déjà, un coup de hâche dans le plexus. Mais que fout ce bananeux avec ces deux crêteux ? Mais c’est quoi ces textes sortis d’outre-tombe ? Mais c’est quoi cette musique sur laquelle mes membres veulent à tout prix se disloquer pour aller vivre une vie indépendante ? Il fallait que je sache. Il fallait que je creuse…
Yes. I have met the 3 misfits. And yet I’m still alive. As a whole. Which is worth to mention.
The first time was in La Teste-de-Buch (France) during one of those loud and brilliant nights organised by the RatRöckers there. A big axe struck my plexus. What was this banana hairdoer fucking doing with those 2 mohawk bearers ? What the hell were these words coming out directly from death itself ? What was this music on which each one of my limbs wanted to go and wander around living their own sweet life ? I had to know. I needed to dig more…
ACTE de Barbarie – Creuse ta tombe (Dig your grave)
Alors telles les spéléos amatrices du film The Descent, je suis descendu dans leur antre. Il faisait beau. Ca n’a l’air de rien dit comme ça mais ça enlève déjà un beau paquet d’angoisse. Même si un ciel dégagé n’est pas forcément plus rassurant depuis Hitchcock. Et puis, même si les 3 acolytes avaient rameuté du monde pour m’attendre (m’atteindre ?), dont un cadavre gisant entre amplis et cannettes vides, je me suis de suite senti à la maison.
Car ACTE de Barbarie, derrière une façade bravache, c’est de la bienveillance à l’état pur (enfin…heureusement pour moi, je ne suis ni financier, ni pédophile, ni facho ou j’aurais compris le sens de leur nom jusque dans ma chair).
Car ACTE de Barbarie, derrière un nom que seul un gars nommé Freddy peut sincèrement envier, c’est un livre d’histoires. Histoires entendues mais réelles (la légende raconte que de là vient leur nom cruel). Histoires vécues. Histoires personnelles. Ou collectives. Histoires mises en textes telles du Braille musical tant leur musique est âpre et pleine d’aspérités.
Thus as these women in The Descent I went down to their cave. It was a sunny day. Which was reassuring even though Hitchcock would prove me wrong. The 3 sidekicks had gathered friends around them to wait for me (even a straight corpse lying down in between amplifiers and empty bottles of beer. But will you believe it ? I felt home straight away !
Because ACTE de Barbarie is pure benevolence behind those trashy faces (well…trash is something you could experience wether you work in finance or you’re a pedophile a or a fascist).
Because ACTE de Barbarie is a book full of stories. Heard but true stories (an urban legend tells how they pick up their name after such a cruel barbarian act somewhere in Bordeaux…). Lived stories. Individual stories. Some even collective. Stories put in music like you write in Braille when you play nothing but harsh and rough music.
Ju. Lulu. Chicken. Car c’est d’eux dont il s’agit depuis le début. Et comme contrairement à l’autre con de Voldemort on peut prononcer leur nom sans risque, j’en profite. Chicken. Ju. Et Lulu. Ou Lulu. Chicken et Ju. Je vous vois venir. Non, je ne suis pas en train de lire les dernières aventures des neveux de Donald (le canard. Pas l’autre) après avoir gobé quelque acide qui traînait par là.
Chicken à la tronçonneuse et au hurlement. Ju au hâchoir qui claque. Et Lulu à la batteuse désosseuse.
Ju. Lulu. Chicken. These are the three guys we’re talking about since the beginning. And as they are not such assholes as Voldemor, I can say their name without any fear. And I love it ! Chicken, Ju and Lulu. Or Lulu, Chicken and Ju. No. I haven’t swallowed my last acid and then read the last adventure of Donald’s nephew (the duck. Not the other one).
Chicken is the chainsaw and scream king. Ju is the click chopper. And Lulu is the boning thresher.
Chicken Lulu Ju
ACTE de Barbarie – Pamphlet alcoolisé (en répète)
C’est donc au local de l’asso Dacapo que l’interview a lieu. Local historique s’il en est. Local autogéré et tenu à bout de bras par Lolo, batteur de Schlag, de Popo et les Branlettes ou DiD. Local qui a vu ou voit encore passer les répètes des Apaches, de Schlag, de Popo et ses Branlettes toujours, de Suicide Social, de Kapo Blöd et donc de ACTE de Barbarie. C’est dans ce lieu de l’Histoire du punk bordelais que se fabriquent les histoires et la légende des 3 Barbares.
ACTE de Barbarie est né de volontés féroces. Celle de Ju, ex-Fucking Fodes, de monter un groupe de psychopunk et d’y faire claquer sa contrebasse. Celle de Chicken, autrement membre de Suicide Social et Kapo Blöd, d’asséner des textes qui libèrent sa rage de vivre. Et enfin celle de Lulu, le circassien de la bande, toujours en mouvement, de réaliser son rêve d’enfant, forgé à coups de Straycats et de Crass.
It’s in a highly historical place I met them. A remote prefab held by Lolo who plays the drums for different bands such as Les Apaches, Popo et les Branlettes or DiD. A remote place where those bands as long as Suicide Social or Kapo Blöd are used to repeat. A whole “punk in Bordeaux” piece in these very premises. This is where they write their own story.
ACTE de Barbarie was born thanks to fierce wills. Ju’s, ex-Fucking Fodes, who wanted to give life to a psychopunk band to enable him to make his double bass click as hell. Chicken’s, who also plays for Suicide Social and Kapo Blöd, who found a way to scream out loud his lust for life. And at last Lulu’s, who is coming from the circus world, who is eventually leaving his child dream forged along with the Straycats and Crass.
ACTE de Barbarie – Pulsions meurtrières (en répète)
Cette volonté et ce désir profond de jouer ensemble transpirent dès les premières minutes où on les voit sur scène. Ils ne sont pas sur scène. Ils sont chez eux. Ils ne jouent pas. Ils crachent leur son. Ils ne chantent pas. Ils jettent leurs histoires morbides la face d’un monde qui doit alors s’en débrouiller seul. Leur musique, qui se construit à trois à partir des squelettes emmenés par Ju, pourrait être sombre. Elle est violente. Elle pourrait être chaotique. Elle est mélodique. Elle pourrait être banale. Elle est envoûtante. Elle colle à votre mémoire comme un bout de cervelle colle au mur d’un suicide réussi. Comme celui de Mike Brandt (bon, lui c’était le trottoir que sa cervelle est allée coller) auquel Chicken voue un culte secret (à Mike. Pas à son suicide. Quoique…).
Mais pour qu’il y ait suicide ou mort, il faut une vie au préalable. Et une naissance. Celle du groupe remonte à Septembre ou Octobre 2017. Avec Ju qui a initié Chicken aux délices sans fins du psycho. Ces deux-là étant rapidement rejoints par Lulu en Janvier 2018. L’Histoire est alors en marche. Et Ju peut enfin devenir le Dieu païen de ce trio iconoclaste. Mais pourquoi tant de dévotion ? Parce que Ju est non seulement le géniteur du groupe mais il en est aussi la banane et la contrebasse, deux éléments hors desquels point de salut.
This strong and deep will to play together can be felt as straight as you see them on stage. They’re actually not on stage. They are at home. They don’t play. They spit out their morbid stories at a useless world. Their music, built note by note together after Ju brought out to life the very bones of it could be dark. It is violent. It could be chaotic. It’s melodic. It could be boring. It’s haunting. It sticks to your brain as a brain sticks to every achieved suicide wall.
But in order to commit suicide, you must be alive. And born. The band was born in September or October 2017 when Ju decided to enlighten Chicken with his psycho world. Lulu will join them quickly, in January 2018. The History coud begin. And Ju could eventually become the pagan god of these three. This true devotion is due to its banana and double bass skills. Two things without which the band would be just another punk band.
Ode à Ju (ode to Ju)
ACTE de Barbarie – Goremantik (répète)
Après des débuts à 2 puis à 3, dans un squat avec une bassine en guise de caisse claire, les 3 vandales composent et démarrent les concerts en septembre suivant à l’Antidote, à Bordeaux, pour l’évènement annuel “La Rentrée des Crusts” organisé par Running Free Project, avec notamment les groupes Kylt et Aggressive Agricultor.
After this chaotic debut when they were 2 then 3, in a squat with a basin used as a snare drum, the 3 vandals start on stage in september at the Antidote in Bordeaux for the yearly Running Free Project event “La Rentrée des Crusts”, playing along with Kylt or Aggressive Agricultor.
Cette première prestation, tout comme la seconde à la Voûte, toujours à Bordeaux, sont un succès auprès du public qui vient en nombre pour remplir les salles et leur offrir de bons retours, ce qui, au-delà de la torture traditionnelle chinoise, les motive d’autant plus.
De fait, ils poursuivent alors leur route en passant par la soirée Punk’s not Dinde des RatRöckers à La Teste-de-Buch en décembre puis attaquent 2019 avec notamment un passage au KJBI de Montpellier avec leurs potes de FootB’Oi! dont le cadavre du batteur (par ailleurs chanteur de Kapo Blöd), qui gisait jusque là à nos pieds depuis le début de l’interview, se met à bouger et à se relever. Déception. Ce n’est en rien un zombie. La nuit a juste été difficile.
This first gig as well as the second one at La Voûte in Bordeaux are a success. People came to fill up the places and gave good feedbacks to the band which motivated them to go on even more than a traditional chinese torture session.
They then paved their way through the RatRöckers “Punk’s not Dinde” night in La Teste-de-Buch in December just to be fit enough to go until Montpellier and it’s KJBI along with their Oï music buddies of FootB’Oi! in the beginning of 2019. FootB’Oi! ‘s drummer (who’s also Japo Blöd lead singer) who revealed himself to be the dead corpse lying at our feet since the beginning of this inteview and who was arising not quite alive yet at this point. Disappointment ! He was no zombie at all. Just had a rough night.
ACTE de Barbarie – Pamphlet alcoolisé (live à la soirée Punk’s not Dinde)
Loin de les amener vers la dernière maison sur la gauche, la voie qui s’ouvre à eux est désormais royale. Elle va les pousser en Juin 2019 jusqu’à Bilbao pour le Northern Pyscho Fest
Far from driving them to the last house on the left, their way is now a motorway which will lead them as far as Bilbao in June 2019 for the Northern Psycho Fest.
La scène n’étant pas tout, ACTE de Barbarie a également profité du travail de Ramone Industry Productions à Peujard en Gironde pour proposer leur 6 premiers titres en accès libre à leur public à travers leur Bandcamp
Cette initiative devrait être bientôt suivie par un CD à bas prix afin que tout petit bananeux-crêteux qui se respecte puisse poser leur musique aux côtés de celles de Demented Are Go ou The Exploited dans sa cdthèque.
2019 sera donc une année barbare ou ne sera pas ! Mais ne vous réjouissez pas trop vite car “notre musique n’est pas faite pour distraire mais pour détruire” (Lulu). Vous voilà prévenus.
Stage is not the world. So the band recently released their first 6 songs in their Bandcamp thanks to Ramone Industry Productions in Peujard (in Gironde), songs that can be uploaded for free.
This should quickly be followed by a CD for everybody to put up their great music beside Demented Are Go or The Exploited ones.
2019 will be a barbarian year for sure ! But don’t get too excited because as Lulu points out “our music is not here to be enjoyed but to destroy”. You’ve been warned, mind you !
ACTE de Barbarie – Chair fraîche (live à la soirée Punk’s not Dinde des RatRöckers)
ACTE de Barbarie – Chair fraîche (répète)
LE MOMENT “C’EST QUOI UN PUNK ?”
THE “WHAT THE FUCK IS A PUNK ?” TIME”
Ju (en désignant Chicken avec humour) : “Un mec qui sert à rien. Qui picole. Qui s’défonce. Qui branle rien. Qui s’fait dessiner sur la gueule par des gosses.”
Ju (pointing at Chicken with laughter in his eyes) : “A useless guy. Who drinks. Takes drugs. A wanker. On who kids have drawn on his face.”
Lulu : “C’est quelqu’un qui se fout du regard des autres. Qui se fait plaisir.”
Lulu : “It’s somebody who doesn’t give a fuck about the way he’s looked at. Who enjoys himself.”
Chicken :”Tu vis tes idées à fond. T’es prêt à tout sacrifier dans ta vie pour tes idées. Et tu t’en bats les couilles de ce que pensent les autres. Quitte à te retrouver à la rue, tu vis comme tu as envie de vivre. Par contre tu respectes les gens autour. Mais s’ils te respectent pas, t’as le droit de te défendre. Tu vas à fond dans tes idées quitte à ce que ça te foute dans la merde.”
Chicken : “You experience your ideas. You’re ready to sacrifice your life for your ideas. And you don’t give a fuck about what others think about it. Even though you end up homeless, you live as you want to live. But you show some respect to people around you. But if they don’t respect you, you have every right to defend yourself. You go deep into your ideas even though you end up in troubles.”
Accrochez-vous à vos spikes et remontons le fil du temps.
Hold on to your spikes and let’s go back far in time.
Alors…le punk est-il né en 1975-76 dans la boutique “Sex” du sieur McLaren et de Miss Westwood ?
Well, was punk born in 1975-76 in Mister MacLaren and Miss Westwood’s shop “Sex” ?
Ou bien est-il né au CBGB de New-York en 1973-74 ?
Or was it born in the CBGB club in New-York in 1973-74 ?
Et s’il avait vu plutôt le jour à Lima, au Pérou, en…1964 ?
What if it had come to life in Lima, Peru, in…1964 ?
Voilà ce que pose comme question un groupe local qui aura tourné durant seulement 2 ans avant d’appuyer sur la touche “pause” pendant 40 ans :
This question arises thanks to a local band which played only 2 years before going back to sleep for almost 40 years :
Los Saicos. N’activez pas votre dernière appli de traduction (ce qu’à l’époque du groupe on appelait un “dictionnaire”). Ce mot n’a aucune signification dans la langue de La Polla Records. La légende péruvienne soumet l’idée que les 4 gars dans le vent du quartier de Lince pensèrent un moment s’appeler “Los Sadicos” (les sadiques) mais que par peur d’être censurés ou de paraître trop agressifs (selon les narrateurs de la légende), ils abandonnèrent le “D”. Une autre légende, nord-américaine cette fois (et beaucoup moins crédible) évoque l’idée que “Saicos” est une phonétisation espagnole du mot anglais “Psychos”…
Los Saicos. Don’t rush on your latest translation app. (what they used to call a “dictionnary” at the time). This word has just no meaning in La Polla Records ‘ language. A Peruvian legend says the 4 guys of Lince District wanted to call themselves “Los Sadicos” (The Sadistic Ones) before dropping the “D” because they either feared to be censored or to sound too aggressive (according to who’s telling the story). Another legend, coming from the States (and a bit more doubtful) says “Saicos” is the Spanish phonetic for the English word “Psychos”…
Car indéniablement, ils sont punks. Certains de leurs textes, de leurs musiques, le fait d’aller là où personne ne les attendait en 1964 comme en 1966 après leur séparation, font d’eux des précurseurs.
Mais indéniablement, ils ne sont pas punks non plus. Là encore, certains textes et musiques, tout comme leur parcours en 64 comme en 66…
Ce groupe est un paradoxe à moitié vivant (il ne reste en effet que 2 membres en vie) et rien que pour ça, il mérite sa place ici !
Because without any doubt those guys are punks. Some of their lyrics, of their musics, going where nobody expected them to go in 1964 as well as in 1966 after their split, make them forerunners.
But without any doubt either, they are not punks ! Lyrics, musics or what they did in 64 or after 66…
This band is a half-living paradox (only 2 of the original cast are still alive) and that’s why they deserve to be here !
Bon, on rembobine et on reprend depuis le début.
Lima, en 1964, c’est ça
Let’s play backward et let’s start at the very beginning.
That’s 1964 Lima
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 16/08/2013
ou ça / or this
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 01/12/2012
Los Saicos, c’était ça / That was Los Saicos
“ta ta ta ta ta ta ta ta ya ya ya ya ya
Echemos abajo la estacion del tren x4
demoler demoler demoler demoler” (Los Saicos)
“ta ta ta ta ta ta ta ta ya ya ya ya ya
détruisons la gare x 4
démolir démolir démolir démolir” (Los Saicos)
“ta ta ta ta ta ta ta ta ya ya ya ya ya
let’s tear down the train station
destroy destroy destroy destroy” (Los saicos)
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 30/08/2010
Des cris, un texte nihiliste, une musique agressive pour l’époque et surtout l’environnement, avec 13 ans d’avance, les 4 apprentis musiciens ont eu le même impact culturel sur le public que les Sex Pistols.
Screams, nihilistic lyrics, aggressive music at the time, these 4 guys culturally impacted the audience the same way the Sex Pistols will do.
Le groupe se forme en 1960 avec Erwin Flores au chant et à la guitare / The band was created in 1960 with Erwin Flores (lead vocal and guitar)
Pancho Guevarra à la batterie (drums)
Cesar “Papi” Castrillon au chant et à la basse (second lead vocal and bass)
et Rolando “El Chino” Carpio à la guitare (guitar)
Ces 4 jeunes gens ont alors l’habitude de se retrouver dans les rues de leur quartier en faisant l’école buissonnière. C’est pourtant après un séjour d’étude de 2 ans au Brésil d’Erwin qu’ils décident de former un premier groupe qui s’appelle “Los Cometas” qui devient vite “Los Saicos”.
The 4 young men used to skip school and wander in the streets of their district. Although they created their first band called “Los Cometas” just after Erwin went to a 2-year-studying-trip in Brazil. “Los Cometas” will become “Los Saicos” pretty fast.
Si leur tout premier titre (“Come On”) est écrit en anglais, ils se distinguent du reste des groupes péruviens et sud-américains de l’époque par le fait de chanter en espagnol et d’écrire leurs propres compositions (il semble en effet que les artistes péruviens avaient la fâcheuse habitude de reprendre les morceaux des groupes britanniques et américains, comme la génération des Yéyés en France.)
Although they sing their very first song in English (“Come On”), they go to the opposite of what’s the habit in Peru and South America at the time : GB and US bands covers (we had the same in France in the 60’s with the designated “Yéyés” generation).
“Come on / baby come on to me / ’cause I want / to have you near me / I’m in love / in love with you / with you / and your sister too / ’cause I am / the king of the street / and I can / get all I want / I…I’m the Saico” (Los Saicos)
“allez viens / viens à moi ma chérie / parce que je veux / t’avoir près de moi / je suis amoureux / amoureux de toi / de toi / et de ta soeur aussi / parce que je suis / le roi de la rue / et je peux / avoir tout ce que je veux / je…je suis le Saico” (Los Saicos)
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 07/11/2009)
Ce titre (qui sera la face A de leur premier 45 T.) est la chanson d’ouverture de leur première apparition sur scène…dans un cinéma.
Le rock ne fait alors pas partie de la culture péruvienne. Lima n’offre donc aucune salle de concert adaptée. Les groupes du coin se succèdent donc dans les salles de cinéma, en avant-première des diffusions de films. “Come On” fait l’effet d’une bombe. Les spectateurs restent muet durant de longues secondes avant de se lever, de hurler et d’applaudir à tout rompre. La fulgurante carrière du groupe est lancée : fin 64, premiers concerts, 1965, sorties de leurs six 45 T. et 1966, la séparation.
This song is the main title of their first single as well as the opening song of their first gig which takes place in a…movie theatre.
Rock’n roll is way out of cultural movement in Peru at the time. Therefore, you just cannot find a proper venue in Lima. Local bands play in movie theatres just before movie screenings. “Come On” is an explosive bomb. The audience stay put and mute for long seconds before bursting out in screams and applause. Their stupendous career is on : first gigs at the end of 64, the issue of their six singles and the split in 1966.
“Salvaje”
“salvaje es un potro cerril / veloz como el viento / con casco de acero / mas yo lo lacé / me hecho de la silla / trata de patearme / me quiere matar” (Los Saicos)
“Sauvage”
“sauvage est un poulain rétif / aussi rapide que le vent / avec des sabots d’acier / plus je le monte / plus il me jette / il parle de me rouer de coups / il veut me tuer” (Los Saicos)
“Wild”
“wild is a restive foal / as fast as the wind / with hoof made of steel / the more I’m riding him / the more he throws me away / he talks about beating me / he wants to kill me” (Los Saicos)
.
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 08/11/2009
Sans aucun aspect politique, Los Saicos proposent cependant des textes durs et violents qui sont le plus souvent hurlés. “Je criais parce que je ne savais pas chanter” a dit récemment Erwin Flores. Sur des instruments bricolés par manque de moyens (comme la guitare de Carpio), ils apprennent à jouer en 2 mois. “Papi” est censé apprendre la basse et les textes en même temps mais n’y parvient pas. Erwin lui crie alors les textes pour qu’ils les répètent durant les répétitions. Ils s’aperçoivent que sa voix colle parfaitement à leurs textes les plus violents et décident que “Papi” chantera les chansons plus douces et mélodiques qui apparaîtront souvent sur les faces B de leurs 45 T.
Without any political dimension, Los Saicos’s lyrics are yet harsh and violent and more shouted than sung. “I screamed because I didn’t know how to sing” recently said Erwin Flores in an interview. Because of lack of money, they build some of their instruments (like Carpio’s guitar) and learn how to play music in 2 months. “Papi” is the singer to be but fails in learning the bass and the lyrics at the same time. Erwin screams them to his face during the rehearsals for him to learn them. They then find his voice more suitable for their brutal songs and decide that “Papi” will sing the melodic ones.
“Besando a otra”
“besando a otra mi chica me vio / me dijo adios no te beso mas / corri tras de ella y trate de explicar / le dijo ven, que es fue / tan solo un pequeno error / me dijo : no, no te quiero ver mas” (Los Saicos)
“En embrassant une autre”
“En embrassant une autre, ma copine m’a vu / elle m’a dit adieu je ne t’embrasserai plus / je lui ai couru après pour m’expliquer / je lui ai dit viens, c’était / seulement une petite erreur / elle m’a dit : non, je ne veux plus te voir” (Los Saicos)
“Kissing another one”
“while kissing another one my girlfriend saw me / she told me goodbye I won’t kiss you anymore / I ran after her to explain myself / I told her “come”, it was / only a small mistake / she told me : no, I won”t see you anymore” (Los Saicos)
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 08/11/2009
Le succès gagne à vitesse grand V. Ils sont invités sur tous les plateaux tv et toutes les radios. Ils se voient même confier leur propre émission télé sur l’une des chaînes principales nationales (originalement intitulée “El Show de Los Saicos).
En 1966, sans qu’aucune explication officielle (encore aujourd’hui) ne soit donnée, les 4 amis arrêtent de se voir et cessent ainsi leurs créations et le groupe. Ils disparaissent même totalement du paysage culturel jusqu’à tomber dans l’oubli complet quelques années plus tard.
Their success is pretty fast. They appear in every single musical and talk show existing on TV and radio in Peru. They even present their own TV show (which is called with a lot of originality “Los Saicos’ show”).
In 1966, without any official explanation, even today, the 4 friends just stop seeing each other. By doing so, the band dies. They completely disappear from cultural life. After few years nobody seems to even remember them.
Wau y los Arrrghs !!! concert à Malaga le 19/03/2011
Vidéo mise en ligne sur YouTube par latrincheravideos le 22/04/2011
La postérité arrive en 1999 en Espagne avec le label Electro-Harmonix qui découvre “Demolicion” et sort dans la foulée l’album “Wild Teen Punks From Peru 1965” qui est une compilation de leurs six 45 T.
Posterity comes in 1999 in Spain thanks to Spanish label Electro-Harmonix. They listen for the first time “Demolicion” and decide to issue a compilation of their 6 singles called “Wild Teen Punks From Peru 1965”
Les mots sont lâchés : “punk”, “Pérou” et “1965”. Associée à la réapparition du groupe, une dispute politico-culturelle prend forme. Le punk est-il une création des pays du Nord (GB et US) ou bien une réalisation des pays du Sud, pérou en tête ?
Words are unleashed : “punk”, “Peru” and “1965”. A political and cultural dispute is born along with the band’s reappearance. Is punk a Northern Countries’ creation or a Southern Countries’ inception ?
Mais prenons les choses dans l’ordre.
La réapparition du groupe, puis sa reformation au début des années 2010, ressemble plus à une traque des médias qu’à une volonté farouche des membres du groupe de rejouer ensemble.
But let’s deal with the issues in the right order.
The band’s reappearance, and their reformation in the 2010’s, is due more to a media stalking than to a members’ will to play again together.
En 2002, le fanzine péruvien Sotano Beat (chaîne YouTube Sotano Beat Lima Peru) retrouve le guitariste, Rolando “El Chino” Carpio, à Lince, le quartier d’origine du groupe, d’où il n’a jamais bougé. Suite à son interview, ses 3 compères montrent le bout de leur nez. Erwin Flores a fait carrière aux Etats-Unis à la NASA et comme cadre d’un laboratoire pharmaceutique. Pancho Guevara s’est lui éclaté dans une entreprise de construction au Pérou. Quant à “Papi” Castrillon, il profite de sa retraite gagnée lui aussi aux Etats-Unis.
In 2002, the Peruvian fanzine Sotano Beat (YouTube channel Sotano Beat Lima Peru) finds the guitarist, Rolando “El Chino” Carpio, in Lince, the very disctrict where the band is from and from where he never moved. After this interview, his 3 friends come out of their life. Erwin Flores worked in the States as a NASA employee and as pharmaceutical company executive. Pancho Guevara stayed in Lima in a building company. “Papi” Castrillon retired after having spent his life in the States too.
Leur passé musical est tellement loin derrière eux que “El Chino” n’en a même jamais parlé à ses enfants. L’ironie de la Vie va faire qu’il ne participe pas à l’engouement qui prend forme. Si Los Saicos ressuscitent d’un peu nulle part en 2010, “El Chino” décède lui en 2005.
Car oui, en 2010, le Dracula Funtastic Festival de Benidorm, en Espagne, invite les 3 survivants à se produire devant des “gamins” de 15 à 25 ans. 46 ans après leur première apparition sur scène dans un cinéma de Lima, le succès est le même. La hype “Los Saicos” se développe à la vitesse du net. On ne compte plus le nombre de reprises présentes sur YouTube du morceau “Demolicion” par des groupes latinos comme les brésiliens de Damn Laser Vampires
Their musical life is so way back in the past that “El Chino” never spoke about it to his own children. Life is even so ironic that he dies before the resurrection of the band in 2005.
In 2010, Los Saicos are invited to play in front of 21st century wild teens of Benidorm, Spain, during the Dracula Funtastic Festival. 46 years after they first appear in a movie theatre in Lima their success is all the same. The “Los Saicos” hype spreads out as fast as the internet makes it possible. Covers from latino bands of the song “Demolicion” are countless on YouTube such as the Damn Laser Vampires’ cover from Brazil
les Péruviens de Leusemia (avec de beaux pogos en prime) / Peruvian band Leusemia’s cover (with great pogos in the crowd)
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Primera Dosis ImI le 24/05/2015 (Festival Vivo Por El Rock de Lima)
Les Mexicains de Cafe Tacuba / Mexican band Cafe Tacuba’s cover
Vidéo mise en ligne sur YouTube par reduji le 13/07/2008)
ou les Sévillans de Narco / or the Sevillan band Narco’s cover
Vidéo mise en ligne sur YouTube par NARCO pagina oficial le 25/04/2013
Du côté anglophone, on n’est pas en reste avec l’inspiration directe revendiquée par Lux Interior, chanteur des Cramps, ou la reconnaissance musicale de Jello Biafra (qui assiste à la première US de la diffusion du documentaire “Saicomania” en 2011), des Black Lips ou de Franz Ferdinand.
Les concerts se multiplient, au Mexique, en Argentine et à Lima, bien sûr, notamment lors du festival Lima Vive Rock en 2013.
On the English speaking side, the band is declared one the Cramps’ inspiration by its lead singer Lux Interior. The even get a musical acknowledgement from Jello Biafra, The Dead Kennedys lead singer, who attends the US premiere of the screening of the documentary “Saicomania”, from the Black Lips or Franz Ferdinand.
Los Saicos play several gigs in Mexico, Argentina or Peru, of course, during the Lima Vive Rock Festival in 2013.
Vidéo mise en ligne sur YouTube par LimaPeru.TV le 08/09/2013
Ce concert sera l’un des derniers du batteur Pancho Guevara qui décède en 2015, mettant ainsi fin aux désirs d’écrire de nouveaux morceaux (4 titres sont alors en préparation).
This was one of the last gigs for drummer Pancho Guevara. He dies in 2015. This is ending the band’s desires to issue new songs (4 songs are on their way at the time).
“El entierro de los Gatos”
“Ya ! el viejo murio / ya ! el viejo murio / sere…el gato mayor ! ya ! ” (Los Saicos)
“L’enterrement des chats”
“Hey ! le vieux est mort / hey ! le vieux est mort / je vais être…le chat le plus âgé ! hey !” (Los Saicos)
“Cats’ funeral”
“Hey ! the old one is dead / hey ! the old one is dead / I’m gonna be…the oldest cat ! hey !” (Los saicos)
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 08/11/2009
Reste donc l’origine de l’apparition du punk. Pour le monde latino, il est évident que Los Saicos en sont les créateurs. Des articles de journaux tels que ABC (Espagne) (“le premier groupe punk du monde”) ou El Mundo (Espagne) en attestent. Ces derniers pointent même le fait, en guise de preuve, qu’en 1964, avec un texte tel que celui de “Demolicion”, le groupe aurait été qualifié de terroriste s’il avait vu le jour sous le régime franquiste en Espagne (El Mundo, Dario Manrique, le 18/03/2016). Il existe également des reportages, des documentaires (comme celui de la chaîne YouTube Noisey “Was punk rock born in Peru ?”) et quantité de groupes hispanophones pour l’affirmer (comme les Espagnols de Las Mujeres, Los Bengala ou The Phantom Keys).
What about the origin of punk rock then ? For latino world Los Saicos are the obvious creators of punk. Spanish newspapers such as ABC (“the first punk band in the world”) or El Mundo claim so. In an article written by Dario Manrique en El Mundo on the 18th of March 2016, they even say that Los Saicos would have been qualified as terrorists by Franco if they had been Spanish. Many other ones claim so as well through reports, documentaries (such as “Was punk rock born in Peru ?” on YouTube channel “Noisey”) or punk bands (mainly Spanish ones such as Las Mujeres, Los Bengala or The Phantom Keys).
Mais cette volonté farouche de démontrer que le punk est péruvien dénote à notre sens une lutte plus générale contre l’impérialisme culturel des pays du Nord en général et anglophones en particulier. De façon neutre, la musique et les textes de Los Saicos sont effectivement punks. Pour l’époque. Car si leur son est agressif en 1964, il ne l’est plus en 1977 après le seul album des Pistols. Mais ce n’est bien qu’une question d’époque et de matériel. De moyens à disposition à un moment précis. Le son des Pistols de 2007, lors de leurs concerts anniversaires, n’est par exemple pas non plus leur son de 1977. On a donc devant nous une musique violente et agressive et des textes nihilistes mais dépourvus de toute connotation politique qui faisait pourtant la spécificité de l’explosion punk de 77. Les spécialistes musicaux, comme les membres du groupe eux-mêmes, qualifient alors Los Saicos de “proto punks”. D’ancêtres de la musique punk. Pères ou grand-pères. Erwin Flores disant même n’être que les Lucy du punk, en référence à la Lucy ancêtre de l’espèce humaine.
L’intensité de leur musique et de leurs textes ainsi que l’effet qu’ils ont produit il y a 56 ans sont donc suffisamment importants pour paraître dans nos pages. Et leur meilleure attitude punk est peut-être aussi l’une des plus récentes :
Erwin Flores, dans le doc. “was punk rock born in Peru ?” : “la musique punk, c’est de la merde !”
montrant ainsi que Los Saicos ne peuvent être enfermés dans un tiroir ou une camisole.
But the fierce will to prove the peruvian birth of punk music is part of a bigger issue regarding the Northern countries cultural imperialism. In a neutral attempt to analyse this, Los Saicos’ music and lyrics are punks. For their time. The harshness of their music can seem pretty childish 13 years later after The Pistols’ only LP. But this is a matter of era, of means, of quality of sound and instruments not a matter of bands. In 2007, during their anniversary tour, the Sex Pistols didn’t sound quite like they did 40 years before. So…violent and aggressive music, nihilistic lyrics but no political attitude or ideas at all, which was yet the 77 punk explosion specificity. Los Saicos can be then qualified as “proto punks”. Fathers of punk. Or even grand-fathers. Erwin Flores goes further that they are the Lucy of punk music as Lucy is the ancestor of human species.
The intensity of their music and lyrics as well as their impact on the audience 56 years ago are significant enough for them to appear on a blog upon punk music. And their best punk attitude might as well be one their most recent ones :
Erwin Flores (in “was punk born in Peru ?”) : “punk rock music is a piece of shit !”
thus showing that Los Saicos cannot be labelled or confined in a straightjacket.
“Camisa de fuerza”
“camisa de fuerza amarrado / cama loco hospital / caja de zapatos sin abrir / matar romper e incendiar / caramelo chocolate / cuatro aviones y un camion / en un barque de carga / y tirando carbon / destrozando paredes / quiero volar / y me voy a comprar / una muneca de trapo” (Los Saicos)
“Camisole de force”
“camisole de force fermée / chambre fou hôpital / boîte à chaussures sans ouvrir / tuer briser et incendier / caramel chocolat / quatre avions et un camion / sur un cargo de frêt / rejetant du carbon / détruisant les murs / je veux voler / et je vais acheter / une poupée de chiffon” (Los Saicos)
“Straightjacket”
“enclosed straightjacket / room crazy hospital / shoe box without opening / kill break and burning / caramel chocolate / four planes and a truck / on a cargo ship / rejecting carbon / destroying walls / I want to fly / and I’m going to buy / a rag doll” (Los Saicos)
Vidéo mise en ligne sur YouTube par Heduardo le 07/11/2009
Demandez à 100 personnes et vous aurez 100 réponses différentes.
Ask a 100 people and you’ll get a 100 different answers.
Est-ce la musique qui fait le punk ? Mais alors, c’est quoi la musique punk ? Des guitares saturées, une batterie énervée et rapide, un chant criard (comme l’ont si bien représenté les Irlandais hardcore de The Holemasters dans les années 90). Certes. Mais pas que. Car que faire dans ce cas des albums “Sandinista !” ou “Combat rock” de Clash qui exploraient des genres aussi divers que le dub, le reggae ou le gospel (!) allant même jusqu’à l’introspection (voire les morceaux “The Equaliser”, “The Sound of Sinners” ou “Straight to Hell”). Il ne viendrait jamais à personne l’idée de douter de la punkitude du groupe à quelque moment de sa carrière.
Does music define what is punk ? Hell then, what’s punk music ? Saturated guitars, some fast and edgy drums, a bawling singing (as well played by Holemasters, Irish hardcore band from the 90’s). It sure is. But there’s more to that. What about “Sandinista !” or “Combat Rock” LPs where you can find dub, reggae or even gospel music (!) (The Equaliser”, “The Sound of Sinners”). Those Clash albums went so far in diversity they even reached introspection (“Straight to Hell”) And who can even doubt about The Clash being punks all over their career ?
Vidéo mise en ligne par la chaîne youtube Thomas J. Foley le 08/10/2015
The Clash – “Sounds of Sinners” – Audio only
Les textes certainement. Des textes engagés comme ceux des Pistols avec “Anarchy in the UK”, des textes fortement placés à l’extrême-gauche de l’échiquier politique, des textes aux accents libertaires. Des textes revendicatifs. Et violents (le “White riot” encore de Clash ou le “Hélène et le Sang” des Bérus par exemple)
Must be the lyrics. Militant lyrics such as Pistols’ “Anarchy in the UK” , far left lyrics, anarchist lyrics. Incisive lyrics. And violent ones too (“Clash’s “White Riot” or Bérurier Noir’s “Hélène et le Sang” for instance)
“Des marques sur ta peau, sous la gorge un couteau
Quatre salopards…
Une nuit de cauch’mar
Tu n’as plus rien à perdre
Il te reste la haine
Tu peux compter sur moi
Toi Hélène Hélène” (Bérurier Noir – “Hélène et le Sang”)
“bruises on your skin, a knife upon your throat, four assholes…a nightmare, you have nothing to lose, you just have hate, you can count on me, you Hélène Hélène” (Bérurier Noir – “Hélène et le Sang”)
Vidéo mise en ligne par la chaîne youtube Tinark le 15/11/2009
“Black people gotta lot a problems But they don’t mind throwing a brick” (The Clash – “White Riot”
“Les noirs ont beaucoup de problèmes mais ils n’hésitent pas à lancer des pavés” (The Clash – “White Riot”)
vidéo mise en ligne par la chaîne youtube theclashVEVO le 04/09/2013
Mais alors que Johnny Rotten est ses comparses rêvaient de semer l’anarchie au Royaume-Uni, Brian James , Rat Scabies, Captain Sensible et Dave Vanian pensaient encore à l’amour. Sorti en 1977, l’année de l’explosion de la musique punk, le “New Rose” des Damned auraient eu sa place dans l’histoire de la chansonnette d’amour si ce n’était son instrumentation (bon, ok, il s’agit là d’un amour contrarié mais quand même, a-t-on jamais imaginé un punk être amoureux ?).
While Johnny Rotten and his merrymen were dreaming about anarchying United Kingdom, Brian James, Rat Scabies, Captain Sensible and Dave Vanian were still thinking about love. Written in 1976, issued in 1977, during the punk explosion, The Damned’s “New Rose” would have fitted in good place in a love song anthology except for its music which doesnt’ quite sound like one (well, right, it is love with obstacles but hey ! who ever dreamed about a punk falling in love ?)
“I gotta feeling inside of me, it’s kinda strange, like a stormy sea” (Brian James, Rat Scabies – “New Rose”)
“Je ressens quelque chose en moi, c’est étrange, comme une mer déchaînée” (Brian James, Rat Scabies – “New Rose”)
Vidéo mise en ligne sur youtube par Rafael Lage le 01/01/216
Alors, si l’on ne peut résumer le punk à sa musique ou ses textes, ne faudrait-il pas regarder du côté du look ? Après tout, les Sex Pistols et le Bromley Contingent s’habillaient chez la future créatrice de mode Vivienne Westwood dans sa boutique “Sex” à Londres. Après tout, Johnny Rotten affichait dès le départ des épingles à nourrice et des badges sur ses fringues. Le look des punks anglais était ce qui choqua la prude Angleterre en premier lieu avec notamment les maquillages outranciers et les brassards nazis de Siouxsie Sioux pour ne citer qu’elle. Leur look permettait aux punks de choquer la bonne société, ainsi que la royauté, et leur permettait également de rompre avec les groupes installés et l’amour comme valeur universelle des hippies. Dans l’imaginaire médiatique, la crête iroquoise est née à ce moment précis et fleurissait à tous les coins de rue. Pourtant, le Bromley Contingent mis à part (dont les membres, sur lesquels nous reviendrons dans un futur article, n’étaient finalement que les femmes et hommes sandwiches de Vivienne Westwood et Malcolm McLaren, son partenaire), les punks de 1977 se démarquent par leur…banalité. Cheveux courts ou longs, maquillage ou non (en tout cas beaucoup moins que ceux des chanteurs glam-rock du début de la décennie), jeans, chemises ou t-shirts, costumes même pour certains. Le look n’est alors pas le signe de reconnaissance premier de ces pionniers du punk qui servent de référence pour ce qui est de la musique. Joe Strummer, chanteur de Clash, ne portera une crête façon Al Pacino dans Taxi Driver que quelques années plus tard.
So if music and lyrics aren’t good enough to describe punk what about its look ? Obviously, The Sex Pistols and the Bromley Contingent found their garments at Vivienne Westwood’s shop called “Sex”, she who will become a high fashion stylist. Johnny Rotten wore badges and safety pins since the very beginning. English punks ‘ look offended and shocked England good society and royalty before music. Siouxsie Sioux’s outrageous make-ups and nazi armbands, for exemple, contributed to the offense. And that kind of look allowed punks to break with bands who were into the establishment or hippies ‘ universal value (love). Medias and good people think the mohawk style started then. However, except for the Bromley Contingent (we’ll talk about those moving adds for Westwood and McLaren’s shop later) 1977 punks shocked because of their…neutral look. Short or long hair, not so trash make-ups (on the contrary of glam-rockers from the early 70’s), jeans, shirts or tee-shirts, even suits for some of them. You can’t spot on a punk according to his look in between the first punk bands then. Joe Strummer for instance will only wear his Al Pacino’s mowhawk (in Taxi Driver) a few years later.
Le Bromley Contingent et les Sex Pistols en direct sur la BBC dans l’émission de Bill Grundy en 1976
The Bromley Contingent and the Sex Pistols live on BBC (Bill Grundy’s show) in 1976.
The Clash
Joe Strummer et Al Pacino
Ce n’est donc pas non plus le look qui fait le punk.
Punk is not defined by its look either.
Si l’on cherche le point commun de tous les groupes punks et de leurs fans en 1976-1978, c’est leur façon d’être et d’agir. Ils choquent, oui, mais dans quel but ? Choquer était-il une finalité ? Ou n’était-ce pas plutôt leur façon, la façon de ces jeunes issus des milieux populaires urbains britanniques, délaissés par la société qui ne leur offrait déjà aucun avenir, n’était-ce pas leur façon de dire merde et surtout de s’imposer. D’être là. De vivre sans attendre qu’on leur en donne le droit. Se lever et gueuler au monde qu’il allait falloir faire avec eux bien que celui-ci ne voulait pas d’eux. C’était aussi la revendication des jeunes de la fin des années 50 avec l’apparition du rock’n roll, apparition qui n’a pas moins choqué le monde que l’explosion punk (l’église allait quand même jusqu’à dire que c’était une manifestation satanique, ce qui n’était pas rien dans ces années là). Même si la jeunesse des années 50 avait l’avenir entre ses mains contrairement à 1977. Se lever, s’affirmer, par la violence si besoin était (car rien ne leur était donné, ils devaient le prendre), violence physique, orale ou visuelle, violence politique située à gauche, violence faite aux bonnes moeurs, les interviews de punks étant souvent entrecoupées de rots ou d’insultes, violence faite à l’establishment (comme bafouer le jubilée de la reine, crime de lèse-majesté s’il en est), violence faite à la musique par la musique.
Etre punk, c’est alors être soi-même (mais à gauche), se débrouiller seul en évitant les circuits proposés (le fameux DIY anglais ou l’alternatif français) en créant et développant ses propres réseaux selon ses besoins (apparition des fanzines, des circuits de distribution alternatifs, des circuits de concerts, des labels hors major et ce malgré le fait que tous les groupes punks de 1977, Sex Pistols en tête, étaient signés chez des majors type EMI ou Polydor). Etre punk, c’est oser et faire. Peu importe ce que pensent les autres. Et finalement, la meilleure “définition” de ce qu’est être punk, ce sont les Dead Kennedys qui l’ont donnée dans leur morceau “Nazi Punks Fuck Off” – pas besoin de traduction).
So, what’s the common ground in between all the 1977 punks ? Obviously, it’s their way of being, their way of acting, of living. They used to shock but shocking was it the only and main goal ? or wasn’t it the only mean for those urban popular youngsters to impose themselves within a society which left them over and had nothing for them but a blur future ? A way to say fuck off to the world. A way to be here. To live without getting the permission. To stand up and shout to the world, which didn’t want them, they were to be counted with. This was an old refrain since late 50’s youth had the same behaviour when rock’n roll appeared for the first time. Rock’n roll shocked the world no less than punk did. The church used to qualify rock music as satanic which was quite a menace at the time. But the difference in between the two eras was in 1956 young people had teir future in hands. In 1977, youngsters had to grab their life, to create it, through violence if they had to. Physical, spoken or visual violence. Left-wing political violence. Violenting decency, violenting the establishment (disturbing the queen’s jubilee in 1977 was no more than a crime of lèse-majesté). Violenting music thanks to music.
Being punk is to be ourself (well, a left-wing self), to use DIY (or to be “alternative” as they put it in France), avoiding existing networks and creating its own through fanzines, labels, ditribution or gigs networks (even though all of 1977 punk bands signed for majors such as EMI ou Polydor). Being punk is to dare and to act. Whatever other people think. Eventually, The Dead Kennedys gave us the best definition with their song “Nazi Punks Fuck Off”
“Punk ain’t no religious cult Punk means thinking for yourself You ain’t hardcore ’cause you spike your hair” (Jello Biafra – “Nazi Punks Fuck Off”)
“Le punk n’est pas un culte religieux, le punk signifie penser par soi-même, tu n’es pas hardcore parce que tu portes des spikes sur ta tête” (Jello Biafra – “Nazi Punks Fuck Off”)
Vidéo mise en ligne sur youtube par The Founder Of Myself le 12/06/2013
Bienvenue aux bons à riens, aux losers, aux rebuts de la société. Bienvenue à vous qui avez décidé de vous lever et de gueuler.
Bienvenue à vous qui affirmez votre existence. Bienvenue à vous qui prenez d’assaut votre place ici-bas. Bienvenue à vous qui hurlez votre être peu importe si vous choquez. Surtout si vous choquez.
Bienvenue. Vous êtes chez vous.
Welcome good-for-nothings, losers, scums. Welcome to you who have decided to stand up and bawl.
Welcome to you who assert your existence. Welcome to you who grab your place here below. Welcome to you who shout your inner self no matter how shocking you may sound. Mainly if you offend.
Welcome. You’re at home.
“La seule chose qui m’importe, la musique la rend plus forte” – Les Sheriff (“Bons à rien“
“The only thing that matters, music makes it better/louder” – Les Sheriff (“Bons à rien” “Good-for-nothing“)